Thérapie du sarcoïde équin avec des extraits de gui par injection

Le choix de la thérapie va dépendre de différents facteurs liés à la tumeur elle-même, (localisation, nombre, taille, type, démarcation), liés au traitement (traitements précédents, risques et complications du traitement, taux de réussite, effet cosmétique, faisabilité, habitude du vétérinaire traitant) et parfois aussi liés à la valeur du cheval comparée aux coûts du/des traitement/s.

Mais aucune thérapie ne s’est avérée universellement efficace jusqu’ici. L’association de différentes méthodes est souvent nécessaire pour augmenter les chances de succès de traitement des sarcoïdes. En plus du taux de récidive élevé au terme d’une thérapie réussie, il existe toujours le risque que de nouveaux sarcoïdes apparaissent à d’autres endroits du corps jusque-là épargnés.

En règle générale, plus les sarcoïdes sont présents depuis longtemps et plus le nombre de traitements auxquels ils ont résisté est élevé, plus le pronostic est mauvais. Dans tous les cas, il est recommandé de traités les sarcoïdes le plus tôt possible, lorsqu'ils sont encore petits, mais ceci de manière réfléchie. Il faut envisager de devoir associer ou répéter des traitements et ce souvent durant une longue période. C'est pourquoi, avant de tester tel ou tel "produit miracle", il est vivement conseillé de discuter sérieusement avec son vétérinaire des différentes possibilités de traitement, de leurs avantages et inconvénients. Le traitement des sarcoïdes restant un traitement individuel, au cas par cas.

Il y a différents objectifs thérapeutiques à l’emploi de la préparation de gui:

• Thérapie primaire
• Prophylaxie des récidives après opération chirurgicale de la tumeur
• Préparation de l’opération afin d’améliorer la démarcation intra-opérative.
• De manière palliative
• De manière complémentaire comme thérapie d’accompagnement des thérapies tumorales de base (par exemple, chimiothérapie)

Le traitement primaire des sarcoïdes équins avec des extraits de gui montre de bons résultats. Une rémission complète ou partielle des sarcoïdes a été observée chez 40% des chevaux après une année et chez 63% après 5 ans. Dans presque tous les cas, un ralentissement de la croissance a été observé.

Le taux de réussite a été particulièrement plus élevé (env. 75%) chez les jeunes chevaux de moins de 10 ans, les chevaux atteints de multiples sarcoïdes (3-9 tumeurs) et les chevaux présentant des sarcoïdes verruqueux.

Cependant cette régression et rémission des sarcoïdes exigent du temps : seulement 6% des sarcoïdes étaient guéris directement après la thérapie avec Iscador (après 3 mois), mais 2/3 après une année.

Les premiers signes d’une amélioration se manifestent souvent sur les plus petits sarcoïdes, ceux localisés à la tête ou à l’intérieur des cuisses. Les derniers sarcoïdes, nouvellement apparus, guérissent aussi plus rapidement.

De plus aucun des chevaux complétement guéri avec le traitement au gui après une année n’a présenté une récidive dans les 5 années suivantes.

Dans certains cas, malgré une thérapie avec Iscador, les sarcoïdes augmentent de taille ou de nouvelles tumeurs se développent. Les sarcoïdes, qui présentent une aggravation, étaient souvent déjà ulcérés avant le traitement ou localisés en un point de pression ou de frottement (par ex., passage de sangle).

Mais il a été également observé que ces sarcoïdes qui grossissent montrent souvent une croissance pédonculée et qu’ils peuvent aussi tomber.

Comme les sarcoïdes qui grossissent représentent toujours un risque pour les tissus environnants (complication pour une opération chirurgicale), qu’ils ne sont souvent pas tolérés dans le sens esthétique, et qu’il faut tenir compte qu’ils peuvent poser problème en été, par ex. infection ou infestation de mouches, le traitement et les contrôles suivants doivent être bien planifiés et une alternative au traitement ou une intervention chirurgicale doit être envisagée. Pour cette dernière raison, les opérations chirurgicales sont à planifier pour l’hiver.

En règle générale, on constate que le pronostic du sarcoïde équin est plus mauvais, si les sarcoïdes sont apparus longtemps auparavant et si plusieurs autres traitements ont déjà été entrepris sans succès.

Chez les chevaux qui sont plus âgés que 10 ans et chez les chevaux déjà plusieurs fois traités sans succès (sarcoïdes récidivants), une répétition (deux traitements par année) ou un prolongement de la durée de traitement est recommandée.

Dans les cas où, malgré une thérapie au gui, aucune stabilisation n’a pu être atteinte et qu’une opération chirurgicale a dû être planifiée, on a pu observer que les sarcoïdes étaient mieux démarqués 6 à 8 mois après la thérapie avec Iscador® et qu’ainsi l’opération s’en était trouvé facilitée. Le nombre de récidives, relativement élevé après opération, a pu être clairement diminué.

En combinant une excision chirurgicale de sarcoïdes directement avec une thérapie avec Iscador (10 jours post op.), on a pu voir une bonne tendance de réussite de la prophylaxie des récidives ou alors une réduction de la taille ou de la rapidité de croissance de la récidive.

Lorsqu’un cheval est atteints de multiples sarcoïdes, on peut aussi combiner avec succès la chirurgie sélective d’un ou plusieurs sarcoïdes opérables avec un traitement Iscador pour les sarcoïdes restants.

Ces injections régulières ne posent en principe aucun problème pour les chevaux. Si elles sont faites correctement et avec attention, les chevaux ne présentent aucune réaction.

Iscador® est très bien toléré chez le cheval. On observe des réactions locales, comme des gonflements au site d’injection, qui prouvent l’existence d’une réponse immunitaire, chez 1/6 des chevaux. Ces gonflements disparaissent spontanément en 2 jours.

Très rarement des effets secondaires sont observés lors d’une thérapie avec Iscador®, par exemple des réactions systémiques avec de la fièvre et un sentiment de mal-être allant jusqu’à l’apathie. Ces réactions peuvent être éliminées en faisant une pause dans la thérapie et/ou en n’administrant que la moitié de la concentration, donc en n’injectant que la moitié d’une ampoule. La gestation des juments, selon les expériences faites jusqu’ici, ne présente aucun problème durant le traitement.

Les avantages de cette thérapie sont :

• Effet systémique de stimulation immunitaire de la thérapie au gui, qui peut provoquer une rémission complète de tous les sarcoïdes d’un cheval et non pas seulement d’une seule tumeur
• Taux de récidive après guérison extrêmement faible
• Inoffensif pour les animaux, les humains et l’environnement
• Aucun effet secondaire grave
• Si nécessaire se combine bien avec une opération chirurgicale ou d’autres thérapies.

Les inconvénients de cette thérapie sont :

• Longue durée de la thérapie, de nombreuses injections
• Les sarcoïdes guérissent lentement
• Non-répondants : chez certains chevaux, la thérapie au gui n’est pas efficace pour des raisons inconnues jusqu’ici et ceux-ci ne sont malheureusement pas identifiables avant le début du traitement.

Le protocole de base de la thérapie au gui, selon les expériences de l’étude sur les sarcoïdes équins (Christen-Clottu et al., 2010), se compose de l’application d’Iscador® P 3 fois par semaine pendant trois mois en concentrations croissantes rythmiquement.

Les chevaux sont traités par injections sous-cutanées. On recommande comme site d’injection le poitrail, où l’on injectera alternativement en quatre endroits différents, afin que les trois injections hebdomadaires n’aient lieu au même endroit que tous les 9 jours.